Le concerto pour violon de Beethoven, par F. Gili-Millera


L’accueil mitigé du seul Concerto pour violon de Beethoven lors de sa création eut comme raison l’incompréhension de la démarche du compositeur, pour qui il était plus important d’établir un dialogue entre soliste et orchestre que d’étaler des passages de pure virtuosité. La critique vit, au contraire, un manque de cohérence, un amoncellement touffu et décousu d’idées, et un vacarme continuel. Ce n’est que quelques décennies plus tard que fut comprise sa conception, indépendante de toutes modes superficielles, et que l’on reconnut le superbe travail thématique et de développement, qui repoussait les limites de la forme traditionnelle du concerto telle qu’on la connaissait à l’époque.

Le vaste premier mouvement en est l’exemple le plus clair. Tout le matériel thématique est exposé dans la longue introduction orchestrale et chacun des motifs, y compris les coups de timbales, va être retravaillé, réinterprété, restructuré, à la pleine façon beethovenienne. Selon l’idéal mozartien, tout cela se fait à travers un dialogue constant entre le violon solo et l’orchestre, mais avec un développement minutieux des thèmes, qui donne au mouvement des dimensions inhabituelles.

Le deuxième mouvement, Larghetto, est plus concis. Un thème paisible de romance est exposé dès le début par les cordes en sourdine et va faire l’objet de plusieurs variations. Le soliste assume un rôle tantôt ornemental, dans le style d’une improvisation libre, comme dans les premières variations, tantôt principal, avant la conclusion. L’intimisme et le romantisme de la mélodie ne sont probablement pas étrangers aux relations amoureuses de Beethoven avec Thérèse von Brunswick ; des historiens ont même émis l’hypothèse de fiançailles secrètes datant de la même année, avant que d’autres ne les contredisent radicalement. Dans tous les cas, le mouvement tout entier peut être aisément assimilé au sentiment amoureux.

Un bref passage vigoureux amène l’Allegro du troisième mouvement, en forme de rondeau, de caractère très enjoué. Contrairement aux deux premiers mouvements, le thème est énoncé par le violon solo, avant d’être repris par l’orchestre. Il rappelle une danse populaire, et ses différentes reprises sont séparées par des couplets qui mettent en évidence les qualités à la fois expressives et virtuoses du soliste. Après une courte cadence, la coda ramène encore le thème principal, qu’on réentendra jusqu’à la toute dernière phrase, en pianissimo, avant de conclure sur deux accords énergiques.

Ferran Gili-Millera 


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